Contributions de Mgr Norvan ZAKARIAN ,
Archevêque des Arméniens d’Europe Occidentale.
Chers Frères et chers Amis,
C’est avec joie et intérêt que je participe à ce 22ème congrès pour la paix.
Je remercie pour leur invitation son Eminence le Cardinal Stanislaw OZIWISZ et les organisateurs de ce congrès, la communauté Saint Egidio.
J’ai l’honneur de vous transmettre les meilleurs vœux de réussite et les salutations du Chef spirituel de l’Eglise Apostolique Arménienne, Sa Sainteté Karékine II, Catholicos de tous les Arméniens.
Je m’exprime à ce Congrès en son nom et en tant qu’Archevêque des Arméniens du diocèse de France et des autres communautés d’Europe Occidentale.
Chers amis,
Notre peuple a dès le premier siècle de notre ère reçu la bonne nouvelle apportée par deux des apôtres de Jésus, Thaddée et Barthélémy, et a adopté en premier le christianisme comme religion d’état en l’an 301.
En 2001, à l’occasion du 1700ème anniversaire de cet évènement, le Pape Jean-Paul II a déclaré : « Le baptême des Arméniens a été un vrai baptême de sang. Le martyr est un des éléments constants de l’histoire de votre peuple. Sa foi est inséparable du sang versé en témoignage du Christ et de l’Evangile. »
Il est vrai que durant toute son histoire notre peuple s’est sacrifié pour sa foi, jusqu’à subir en 1915 un véritable génocide ; causant la destruction des 2/3 des Arméniens de l’Empire Ottoman, et la dispersion des survivants à travers le Monde.
Après avoir rappelé ici le 1er Génocide du 20ème siècle nous irons à Auschwitz rendre hommage aux victimes de la Shoa, le Génocide d’un autre peuple très ancien, le peuple Juif. Nous y évoquerons ensemble le souvenir des 6 millions de Juifs ainsi que celui des Russes, des Polonais et des autres peuples d’Europe, victimes, durant la seconde guerre mondiale, de l’intolérance, de la haine, du vandalisme. Ces drames qui se sont produits au cœur même de l’Europe, ont montré une fois de plus que les crimes non reconnus et non condamnés engendrent souvent d’autres crimes et d’autres catastrophes.
Chers amis, si dans cette conférence dédiée à la paix nous évoquons ces évènements du passé ce n’est pas pour réveiller des sentiments de haine ou de vengeance mais pour rappeler les leçons de l’histoire et rejeter les sentiments inspirés par les idéologies fondées sur la haine et l’hostilité.
Malgré la volonté de dialogue et de paix qui est la notre des millions d’hommes, de femmes et d’enfants continuent encore aujourd’hui à subir les conséquences des guerres et des violences. Ils se retrouvent déplacés, affamés et sans-abris. Les droits humains les plus élémentaires leurs sont refusés.
Le peuple Arménien reste très vigilant et solidaire de toutes ses souffrances physiques et morales. Sa douloureuse expérience l’encourage à mettre également en garde contre les démonstrations de Génocides Culturels. La profanation et la destruction massive d’églises et de cimetières au-delà des frontières de l’Arménie, en son des exemples réels. Pourtant aucune idéologie ou intention politique ne peut justifier de tels actes de vandalisme, attisés par les discriminations raciales ou religieuses.
L’un des enseignements majeurs de la doctrine chrétienne est l’Amour de Dieu envers l’homme et de l’homme envers son prochain. Poussant la notion de Fraternité jusqu’à son extrême Jésus nous a enseigné : «Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Mais moi je vous dis : Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent.» Mt5.43-48
On trouve heureusement dans le récit des grandes catastrophes, des grands crimes, des hommes et des femmes, des Justes, qui ont appliqué les préceptes de fraternité et d’humanisme, souvent au péril de leur vie, pour protéger contre leurs tortionnaires les Juifs d’Europe ou les Arméniens dans l’Empire Ottoman. On trouve dans la Turquie d’aujourd’hui des intellectuels et des hommes épris de vérité qui élèvent la voix contre la négation du Génocide des Arméniens.
Dans une lettre adressée simultanément aux chefs religieux chrétiens et à 138 savants musulmans, notre Eglise a rappelé l’accueil et l’œuvre humaine remarquable prodigués par les pays Arabes envers les rescapés du Génocide des Arméniens. Ces faits du passé servent aussi d’exemple de cohabitation réussie entre Chrétiens et Musulmans.
Si nous nous réjouissons de voir de nombreuses organisations s’investir dans les combats pour la paix, le développement d’un avenir meilleur pour l’Humanité et la résolution des conflits, nous considérons comme primordial le rôle des chefs religieux dans la concrétisation de ces objectifs.
La parole de l’Evangile dit : « Heureux les artisans de Paix.»
Sur cette parole du Seigneur, Nous, Eglise Apostolique Arménienne saluons et encourageons l’effort et la volonté des chefs spirituels à établir paix et conciliation entre les différentes religions, sur la base de la tolérance et du respect mutuel.
Nous prions Dieu tout puissant qu’il nous aide à réussir cette noble mission, qu’il nous invite à accomplir.