Saintetés,
illustres représentants des Églises chrétiennes et des religions du monde,
frères et sœurs
Le dialogue et la prière furent les hauts lieux de cette rencontre, organisée avec le désir de promouvoir un vivre ensemble parmi les peuples, qui soit doux, réconcilié et libre. Nous avons voulu offrir au monde entier un message de miséricorde et de paix partagé par les religions et les hommes et les femmes de bonne volonté. Je ne sais pas si nous y sommes parvenus. L’histoire en jugera, en termes de développement ou de déclin de l’humanité.
Toutefois, nous pouvons tenter une lecture “prophétique” à partir de l’expérience du petit frère François, qui a rencontré le sultan Malik al-Kamil à Damiette en 1219.
Dialogue. Humble dans son comportement, il était encore plus humble dans ses sentiments, mais encore plus humble dans l’estime qu’il avait de lui-même … (2 Cel 140: FF 724): de Celano décrit cet homme qui se rend à Damiette. L’humilité permet de transmettre et de percevoir l’Infini, l’Absolu, l’Éternel, face à qui nous ne sommes rien, un souffle, d’égale dignité. Les humbles se respectent, s’apprécient, s’estiment mutuellement.
Prière. Le premier biographe de François écrivait qu’il était non seulement un homme qui prie, mais il était lui-même transformé en prière (2 Cel 95: FF 682). Celui qui puise continuellement à la vie spirituelle, obtient un cœur capable d’accueillir les autres, ceux qui sont différents, parce qu’il les reconnaît semblables à lui-même dans la profondeur mystérieuse de l’être et se sent un avec ceux.
Ainsi la prophétie est simple. Le monde connaîtra une phase de développement si ceux qui sont ici ne cherchent pas la gloire, ne s’estiment pas meilleurs que les autres et ne considèrent pas leur propre religion, le groupe auquel ils appartiennent ou leur propre culture supérieure aux autres. Celui qui est en face de moi, a toujours quelque chose de plus que moi, quelque chose que je n’ai pas. Sans humilité, la confrontation entre nous, celle d’aujourd’hui et celle de demain, est seulement un compromis pour garder un certain pouvoir sur l’autre.
Pour finir, ceux qui sont venus ici sont – peut-être inconsciemment – des personnes prêtes à mourir pour la paix. C’est le cas pour les amis qui garantissent notre sécurité. Merci! Ceux qui sont ici en service à différents titres, sont eux aussi prêts à mourir, tout comme les invités et ceux qui sont venus spontanément. Merci à tous!
Mais quand passe-t-on de la disponibilité à l’acte de mourir pour la paix? Je crois que sans la prière, ce passage ne peut pas avoir lieu. Celui qui s’abreuve aux sources de l’esprit constate que la peur de la mort est rayée de son cœur et devient capable de renoncer à ses propres raisons, s’ouvrir au pardon, faire le bien à celui qui lui veut du mal, se soumettre à tous par amour.
La valeur prophétique de la rencontre qui se termine aujourd’hui, dépend de ce que chacun d’entre nous fera demain.
Que le Seigneur vous donne la paix.