10 Septembre 2012 16:30 | Hanika Hall (close to Gazi Husrev-begova medresa)
Discours de Ichiro Yokoyama
Je m’appelle Ichiro Yokoyama, je représente le Tenrikyô. Je suis très honoré de pouvoir participer cette année à ce rassemblement interreligieux pour la paix.
Le Tenrikyô a été fondé en 1838 par Oyasama. Le Japon d’alors était en pleine transition entre une société dominée par un système féodal et une société moderne. En cette période de bouleversements sociaux, les agriculteurs menaient une vie très difficile. Oyasama enseigna alors que tous les êtres humains, peu importe leur condition sociale, sont les enfants de Dieu, que nous appelons Tenri-O-no-mikoto, et que toutes les personnes dans le monde sont frères et sœurs les uns pour les autres. Elle enseigna aussi que notre façon de vivre en accord avec la volonté de Dieu est de nous aider les uns les autres et de travailler ensemble pour atteindre la Vie de Joie, c’est-à-dire une vie débordant de joie et d’harmonie dans ce monde.
L’augmentation du nombre de fidèles conduit à l’ingérence des autorités et une opposition des autres groupes religieux.
Oyasama, pour sa part, considérait même ceux qui s’opposaient à elle comme ses propres enfants bien-aimés. Plutôt que les condamner, elle embrassa tout le monde alors qu’elle continuait à œuvrer au Salut de l’humanité. Basé sur l’Enseignement d’Oyasama, le Tenrikyô est dépourvu de sentiments négatifs envers les autres religions et travaille pour la paix et le bonheur dans le monde.
Le Japon est entouré par la mer et ne partage donc pas de frontières terrestres avec ses voisins. Le peuple japonais est plus ou moins mono-ethnique, et ne parle qu’une seule langue.
D’un autre côté, il existe au Japon une grande diversité en matière d’alimentation, d’habillement et de logement. Vous y trouverez non seulement des éléments de la culture japonaise, mais aussi d’Asie et de l’Occident. De la même façon, les religions comme le shintoïsme, le bouddhisme, le christianisme et de nombreuses autres y sont bien représentées. Selon les statistiques du Ministère de l’Education, qui enregistre les organisations religieuses, le nombre total d’adeptes de toutes les religions au Japon s’élève à 199 millions, ce qui représente environ 80 millions de plus que la population totale du pays, qui est de 120 millions d’habitants
En théorie, cela reviendrait à dire qu’un adulte au Japon appartient à deux religions différentes. C’est peut-être une façon simpliste d’interpréter les données, mais je pense que cela indique une certaine ouverture d’esprit à la diversité religieuse. En fait, beaucoup de personnes vont se recueillir dans un temple shinto au Nouvel An, se marient dans une église catholique et se font enterrer selon la tradition bouddhiste. C’est peut-être pour de telles raisons qu’il y a peu ou pas d’antagonisme entre les religions au Japon. Bien qu’il puisse y avoir une certaine concurrence pour tenter de gagner des partisans, il semble que la plupart des religions coexistent dans une certaine prospérité mutuelle.
La plupart des Japonais ne sont pas liés ou attachés à une religion spécifique. Du point de vue des pays où la majorité de leur population appartient à une religion particulière, les Japonais pourraient être perçus comme manquant de véritable foi religieuse. Pourtant, cela pourrait expliquer l’absence de tout conflit religieux au Japon.
Le Tenrikyô gère la Fondation de l’Hôpital Tenri Yorozu-sôdansho, qui possède 1001 lits, et j’y occupe le poste de président du conseil d’administration. Notre hôpital, un des meilleurs du Japon, a très bonne réputation là-bas. Il y a environ 1700 employés, dont 230 médecins et 700 infirmières, qui travaillent dur pour sauver des gens qui souffrent de maladies et d’autres problèmes. Une des caractéristiques de notre hôpital, c’est qu’en plus des employés que je viens de mentionner, il y a une centaine de prêtres Tenrikyô qui sont employés pour fournir des soins spirituels aux patients. Il va sans dire que leurs soins ne sont pas imposés aux patients : ils répondent uniquement aux demandes formulées. La plupart des patients qui ont des soucis et angoisses liés à leur maladie – à l’exception de ceux qui, pour des raisons religieuses, ne souhaitent pas recevoir des soins de nos prêtres – semblent disposés à demander conseil. Quatre-vingts pour cent de nos patients hospitalisés ne sont pas des fidèles Tenrikyô. « Aimable et souriant », telle est la devise de nos prêtres vis-à-vis de tous les patients.
En outre, ils offrent une prière Tenrikyô appelée « le Sazuke », encore une fois en réponse aux demandes des patients. Je pense que la prière joue un rôle en aidant les malades à guérir de leur maladie. A cet égard, il n’y a pas de discrimination ni de distinction entre les fidèles Tenrikyô et les adeptes d’autres religions dans notre hôpital. C’est peut être un autre reflet de la façon dont les fidèles d’autres religions ne sont pas exclus.
Cette planète a de grandes religions, comme le christianisme, l’islam et le bouddhisme, ainsi que beaucoup d’autres. Je pense qu’il est normal que des régions différentes qui ont des climats, des langues et des coutumes différents ont vu leurs religions naître selon les besoins spécifiques de ces régions. La vie des hommes est courte, et les gens ont beaucoup d’inquiétudes et d’angoisses. La naissance de nombreuses religions est liée à un désir humain d’être libéré de telles inquiétudes et angoisses.
Je crois que les religions existent pour sauver les gens de leurs angoisses et afflictions. Les gens recherchent le salut à travers celles-ci. Je crois fermement que les religions ne doivent rien faire qui puisse empêcher le progrès des gens vers le salut, ou vers la Vie de Joie selon notre terminologie. Les religions doivent sauver les gens et leur apporter la prière pour qu’ils soient heureux. Ce serait une terrible tragédie pour la race humaine si elles devenaient antagonistes les unes pour les autres. Le but de notre existence en tant qu’êtres humains est de nous aider les uns les autres pour construire une vie joyeuse et lumineuse dans ce monde. Si nous voulons atteindre cet objectif, il est nécessaire que les religions, promeuvent le dialogue et contribuent à la réduction des conflits et antagonismes et à la réalisation de la paix mondiale et le bonheur de l’humanité.
Je trouve vraiment merveilleux que cette rencontre interreligieuse ait lieu chaque année, et porte ses fruits. Cette année, encore une fois, je souhaite vivement que cette réunion soit un succès et apporte une contribution significative à la paix dans le monde et au bien-être de l’humanité.
Je vous remercie de votre attention.